
À Ebril, capitale du Kurdistan irakien, Sputnik a rencontré Vian Dakhil. C’est avec émotion et dignité que cette représentante des Yézidis au parlement irakien évoque le véritable génocide que subit son peuple, dans l’indifférence générale. Témoignage exclusif.
C’est au Kurdistan Irakien que nous emmène maintenant notre périple en compagnie de la CHREDO, Coordination des Chétiens d’Orient en Danger, présidée par Patrick Karam. L’occasion d’une rencontre émouvante avec Vian Dakhil, cette femme forte et déterminée qui est la seule représentante des Yézidis au Parlement Irakien et qui se bat pour mettre fin au génocide silencieux se son peuple.
Elle a fait parler d’elle dans le monde entier après la vidéo parue sur YouTube, où elle s’effondre en larmes devant les parlementaires irakiens en parlant des atrocités que subit son peuple et face à l’indifférence absolue de la communauté locale et internationale.
C’est dans la maison de son père à Erbil que j’ai pu discuter avec Vian Dakhil. Que ce soit en Occident ou au Moyen-Orient, on parle peu de ce qui arrive aux Yézidis. Vian Dakhil décrit le cauchemar dont elle a été le témoin:
“Ce qui est arrivé aux Yézidis et aux autres minorités dans l’histoire moderne est une catastrophe sans équivalent: ils ont subi les crimes les plus abominables de l’histoire. Les chrétiens ont été chassés de leurs foyers et de leurs terres. Ils ont dû se convertir ou payer la Djizîa (l’impôt pour les non-croyants en terre d’islam). Quant aux Yézidis, leur choix se résumait à la conversion ou la mort. Des milliers d’enfants furent ainsi tués. On a déjà retrouvé plus de 30 fosses communes qui contenaient des centaines de cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants. Plus de 3.500 Yézidies ont été capturées par Daech et subissent les pires tortures physiques et psychologiques.”
Des milliers de femmes yézidies sont capturées par des combattants de Daech et ensuite vendues sur le marché aux esclaves. Il existe même un tarif à glacer le sang. Les filles “les plus chères” ce sont celles de 11 à 16 ans, avec un bonus si elles sont vierges. Entre 16 et 20 ans, elles sont “moins chères” et à partir de 20 ans, la “marchandise humaine” ne se vend plus guère… Vian Dakhil confiait ces chiffres effrayants les larmes aux yeux:
Des centaines de milliers de Yézidis qui ont fui leurs terres survivent dans des camps de réfugiés, dans des conditions très pénibles. Il faut que la communauté internationale aide les Yézidis qui ont pu échapper à la captivité de Daech; qu’elle aide les réfugiés à vivre dans de meilleures conditions et qu’elle aide les femmes yézidies qui ont survécu à Daech en leur fournissant les traitements appropriés. Ce qui leur arrive peut être qualifié de “génocide du peuple yézidi”. Car c’est bien d’un génocide dont il s’agit.
Aujourd’hui, on parle encore des marchés aux esclaves et des peuples massacrés à cause de leur identité. Ces personnes attendent l’aide des puissances mondiales pour échapper à ce fléau sanglant. C’est aux grandes puissances de répondre à cet appel empli de douleur de désespoir.
Source :fr.sputniknews.com, 27/04/2016
Irak : Vian Dakhil, députée à la rescousse des esclaves de Daech
Source : Francetv info, 19/04/2016
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