
A sa demande, Monsieur Patrick Karam, Président-Fondateur de la Coordination des Chrétiens d’Orient en Danger (Chredo), partie civile dans l’affaire Lafarge, a rencontré pendant près de deux heures par Madame Charlotte Bilger, juge d’instruction en charge du dossier de financement d’entreprise terroriste dans lequel plusieurs haut-dirigeants du groupe Lafarge ont été récemment mis en examen.
Dès sa constitution de partie civile pour complicité de crimes contre l’humanité, la Chredo avait, par l’intermédiaire de son avocat, Maître Sévag Torossian, demandé au juge d’instruction de vérifier auprès du gouvernement français si celui-ci avait respecté ses obligations découlant de la résolution 2253 du Conseil de Sécurité de l’Onu, décision historique relative aux mesures et sanctions contre l’organisation « Etat islamique », adoptée le 17 décembre 2015.
Cette résolution, incontournable, avait pour mesure-phare d’engager les Etats à communiquer au Comité désigné « les noms de personnes, groupes, entreprises et entités qui concourent, par tous moyens, à financer ou soutenir des actes ou activités du réseau de l’Eiil, d’Al-Qaida et de personnes, groupes, entreprises et entités qui leurs sont associés », aux fins d’inscription sur la « Liste relative aux sanctions contre Daech et Al-Qaida ».
L’information judiciaire en cours a permis de démontrer que le gouvernement français n’a délibérément pas jugé utile de transmettre le nom du groupe Lafarge ou de ses dirigeants au Comité désigné alors même qu’une note diplomatique de septembre 2014 adressée au ministère des affaires étrangères et au ministère du budget résultant d’une discussion entre des responsables du groupe Lafarge et un diplomate français faisait clairement état de la volonté de ce groupe de préserver ses intérêts économiques en trouvant des compromis équilibrés avec les acteurs de terrain, dont les organisations terroristes.
A l’heure où se pose la question des responsabilités politiques dans ce dossier, Monsieur Patrick Karam a exprimé au juge d’instruction sa volonté que la procédure judiciaire en cours fasse toute la lumière sur les complicités actives ou passives du gouvernement français face à son omission volontaire tendant à couvrir les agissements du groupe Lafarge. Par ailleurs, Monsieur Patrick Karam a également pointé les innombrables dénis assumés des dirigeants de Lafarge quant à la gravité des agissements reprochés, considérant Daech comme un partenaire commercial.
En conséquence, la Chredo a décidé de saisir le Comité désigné aux termes de la résolution 2253 du Conseil de Sécurité de l’Onu afin d’obtenir sa position sur l’attitude du gouvernement français, ce afin de déterminer toutes les responsabilités et complicités par omission ou dissimulation.
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